La silice cristalline : bientôt la nouvelle cible des opérateurs de repérage ? - 26/02/2025

Alors que l’attention des professionnels de l’immobilier en matière de polluants de la construction se concentre essentiellement sur l’amiante et le plomb, un nouveau risque sanitaire mérite qu’on s’y intéresse davantage : la présence de silice cristalline. Ce minéral, présent dans de nombreux matériaux de la construction, soulève de plus en plus d’inquiétude au sein de la communauté médicale et des experts de la santé au travail. En effet, la silicose ainsi que d’autres pathologies en lien avec l’inhalation de poussières de silice, comme des cancers bronchopulmonaires et des maladies auto-immunes, continuent de progresser à l’heure actuelle.

La silice cristalline, une menace sous-estimée dans de nombreux bâtiments ?

La silice cristalline se trouve dans de nombreux matériaux de la construction couramment utilisés, notamment dans la pierre artificielle des plans de travail ainsi que dans le béton, les matériaux de façade et les ouvrages de voirie. Dans une tribune signée récemment, une douzaine d’experts internationaux invitent la France à interdire l’usage et l’importation de pierre artificielle. Selon les dernières données de Santé Publique France, datant de 2023, près d’un million de salariés sont exposés à cette substance cancérogène, dont une part importante dans le secteur du bâtiment. Plus inquiétant encore, plus d’un tiers de ces victimes potentielles sont soumises à des concentrations dépassant la valeur limite d’exposition professionnelle (VLEP) actuelle, qui est de 0,1 mg/m3. Qui plus est, cette VLEP, fixée par l’Union européenne en 2017, n’est plus en adéquation avec les données de dangerosité de ce polluant. Cette valeur devrait être abaissée de moitié, comme l’ont déjà fait depuis longtemps les États-Unis et le Québec.

En janvier 2024, l’émission Cash Investigation sur France 2 s’était penchée sur la problématique du risque d’exposition à la silice cristalline, un danger qui concerne de nombreux travailleurs du bâtiment et des travaux publics, et ce, en alertant sur les manquements en matière de prévention.

Vers un repérage de silice cristalline avant de rénover ou de démolir un bâtiment ?

Face à cette situation, on pourrait imaginer l’introduction d’une détection obligatoire de silice cristalline avant un programme de travaux ou de démolition, au même titre que l’amiante ou le plomb. Ce repérage identifierait les zones à risque au sein du futur chantier, permettrait de mettre en place des mesures de protection individuelle ou collective, en un mot, préserverait la santé des travailleurs du bâtiment. Avec les exigences de plus en plus strictes imposées aux bâtiments actuels, qui obligent à rénover, le risque professionnel silice doit absolument être pris davantage en considération dans l’évaluation obligatoire des risques liés aux polluants dans l’environnement de travail.